Un Trot’Metiss’Art en collaboration avec Les Activités Culturelles de l’Université de Genève et le Centre d’Accueil des Migrants de la Roseraie.

Le processus intitulé Les Visages cachés de ma ville 2 (Seconde saison du projet de médiation et création mené en collaboration avec la Comédie de Genève durant la saison 2017-2018) s’est poursuivi la saison suivante, certains participants tenaient en effet à prolonger le geste. S’est ainsi constitué le groupe des Visages mêlés : 9 étudiants et onze personnes migrantes se sont rassemblés avec fougue autour de ce processus créatif et interactif.

Il s’agit en premier lieu d’inviter à la découverte de nos outils de travail, car ils sont multiples et variés. C’est par le biais subtil de la vibration et du son que nous abordons désormais chaque rencontre. La compagnie s’est en effet dotée des structures sonores Baschet ainsi que de quelques autres percussions accessibles, rares et singulières (le Hang, les tambours d’eau, les sanzulas…) ; la richesse vibratoire de ces instruments est féconde.
Il n’est ainsi pas nécessaire de décliner en arrivant notre pédigrée ou les raisons de notre présence, nous commençons par JOUER ENSEMBLE. S’associent assez vite à cette prise de contact sonore des jeux de comédiens et de danseurs : un travail du corps, du souffle et de la voix qui va à la rencontre des émotions, de leur expression, et de l’imaginaire ; une prise de conscience de l’espace, de l’autre, et de ce qui se partage sans forcément se formuler. Les mots viennent ensuite avec moins d’appréhension, et les jeux peuvent se mettre à parler.
Dans cette complicité ludique, nous proposons alors que se glissent des récits de nos vies : ils deviennent notre manne narrative. La découverte des outils de création s’accompagne dès lors d’un cheminement personnel : chaque participant peut éprouver son vécu et sa créativité comme des vases communicants, et nous explorons ensemble comment ces bouts d’intimité entrent en résonnance.
Ce processus ambitionne en effet de faire éprouver à chacun des participants qu’il peut être l’interprète mais également le créateur de son propre récit et que ce dernier s’éclaire et s’enrichit au croisement du récit de l’autre et de sa singularité.
Se situer dans le groupe devient alors crucial et implique un abandon de soi.
Car il est une part qui se dit, une autre qui se mêle, une autre encore qui possiblement se confond et prend un autre visage.
La démarche présente aussi l’avantage remarquable d’aider à la découverte et à l’apprentissage des langues, la nôtre, la leur, par le partage des chants, des récits et autres comptines. Cette démarche est intrinsèquement et fondamentalement participative. Le spectacle élaboré à partir des scènes proposées par les participants, les sorties culturelles également.

L’objet scénique né de ce parcours est mêlé de sons, de gestes, de voix et de mots. Sa forme est légère en tout point et peut être jouée dans divers espaces, non-équipés pour le théâtre.
Il a été créé dans le hall central d’Unimail à 12h les 20 et 21mai devant un public d’environ 600 personnes. Le samedi 25 mai au soir, cette performance fût présentée dans la salle de théâtre des Activités culturelles, pleine à craquer, suivi de la projection d’un documentaire d’une douzaine de minutes réalisé sur ce parcours par une étudiante du groupe, Matylda Flores.

Cette performance s’intitule « Mgbidi » ce qui signifie « mur » en langue Igboo, l’un des magnifiques dialectes parlé au Biafra. Sa durée est de 15 minutes. Elle a ému aux larmes un public très divers.